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Au sein de « Présence 30 », une association partenaire d’Un toit pour tous spécialisée dans le service à la personne et la réinsertion des personnes sans emploi, Karine Mialon dirige le service d’insertion dont le but est de mettre en place des chantiers destinés aux jeunes en marge de la société.
En quoi consistent vos actions d’insertion ?
K.M. Nous menons deux types d’actions. D’une part les chantiers éducatifs destinés aux jeunes des quartiers prioritaires de 16 à 25 ans, à qui les collectivités locales et les bailleurs sociaux confient des travaux de petite maçonnerie, de manutention, de peinture, de nettoyage des espaces verts… Durant leur contrat, ils participent également à des ateliers pour régler certaines difficultés personnelles (l’addiction, la santé, les préjugés, la gestion d’un budget, la sécurité au travail, les techniques de recherche d’emploi).
D’autre part, les chantiers d’insertion qui s’inscrivent dans la continuité de cette démarche, avec un contrat de travail renouvelable d’au moins 4 mois pour des jeunes âgés de 18 à 25 ans.
Quel est l’objectif de ces chantiers ?
K.M. Ce sont des solutions pour des jeunes qui vivent en foyer ou seuls avec leur mère, dans une situation financière très difficile, quand ils n’ont pas de problèmes d’addiction ou d’ordre judiciaire. Certains reviennent de loin !
Le chantier doit servir de tremplin vers une formation, un apprentissage, un emploi direct, un permis de conduire… Nous les embauchons et cherchons, avec nos partenaires, à mettre en place des dispositifs pour les guider dans leur projet professionnel à la fin du chantier et leur mettre le pied à l’étrier : des cours d’alphabétisation, de remise à niveau, d’immersion en entreprise…
Les jeunes adhèrent-ils facilement à ces projets ?
K.M. Oui, car ils viennent de leur propre initiative. L’enjeu pour certains est de reprendre un rythme, arriver à l’heure, s’impliquer de manière régulière ; pour d’autres c’est une première expérience professionnelle pour découvrir le monde du travail. Un quart des jeunes rebondissent à la suite du chantier, d’autres ont besoin de plus de temps.
En quoi ces actions favorisent-elles le lien social ?
K.M. Dans les lieux où les jeunes conduisent des chantiers, s’installe une forme de respect, il y a moins de dégradations. Nous voyons aussi le dialogue se renouer avec les habitants du quartier et notamment les personnes âgées qui sont souvent transparentes à leurs yeux. Quand les jeunes font des réparations dans les cages d’escalier, les gens de l’immeuble discutent avec eux, leur apportent du café. Ces échanges créent un apaisement dans les relations et changent le regard que l’on porte sur eux. Quelque chose se modifie aussi en eux. Comme une porte qui s’ouvre. L’ESH Un toit pour tous a confié à nos jeunes la réalisation d’une fresque pour réhabiliter les murs d’un sous-sol. Un artiste est intervenu pour les diriger. Quand s’ajoute à leur travail une dimension artistique, c’est extrêmement valorisant pour eux, c’est une réussite pour le bailleur et un succès pour nous aussi !