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Conseillère en économie sociale et familiale chez Famille & Provence, Cécile Solt sillonne trois départements pour exercer sa mission : les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse. Elle conduit un accompagnement social global auprès des locataires en difficulté.
En quoi consiste votre mission au sein de l’entreprise sociale pour l’habitat Famille & Provence ?
C.S. Je suis travailleur social au sein du service prévention sociale, contentieux et juridique. Nous sommes deux à exercer ce métier chez Famille & Provence. Nous intervenons auprès des locataires qui rencontrent des difficultés de paiement de leur loyer et autres problématiques sociales. Cela se produit en général après une séparation de couple, une perte d’emploi, un décès, un changement de situation qui déstabilise le ménage et modifie sa situation financière.
Je propose aux locataires de les rencontrer à leur domicile. Cela leur évite le coût du déplacement, et c’est plus facile pour développer une relation de confiance. La personne a ses repères et se sent en sécurité. En m’accueillant, elle ouvre la porte et c’est le premier pas d’une démarche à la recherche de solutions. Pour pouvoir l’accompagner, nous devons recueillir son adhésion : on ne peut pas aider les gens contre leur gré.
Dans un premier temps, j’analyse la cohérence de son budget. Il y a parfois un travail éducatif à mener : reconnaître les dépenses indispensables et celles que l’on peut éviter. Si la situation est plus grave et que le loyer n’est plus en adéquation avec les ressources, je pars du principe qu’il y a toujours des solutions. On va proposer, par exemple, une mutation sociale pour trouver un logement plus adapté aux ressources du locataire. Je constate aussi très souvent que les gens ne connaissent pas leurs droits et donc je vais les aider dans les démarches, avec la Caisse d’allocations familiales, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, la Couverture maladie universelle complémentaire, les aides au logement… Il y a des personnes qui sont très isolées, particulièrement les personnes âgées. Nous sollicitons nos collègues du Pôle infos séniors, un service qui leur est dédié au sein du centre communal d’action sociale, pour mettre en place des aides humaines et financières. L’objectif principal est de permettre à la personne ou à la famille de conserver son logement par la résorption de la dette locative.
Vous êtes dans une démarche de recherche de solutions plutôt que de sanction ?
C.S. C’est ce que j’explique aux locataires qui craignent l’expulsion en me voyant arriver. Nous ne sommes pas là pour donner des coups de bâton, mais pour accompagner, conseiller, aider. Nous sommes un bailleur social, c’est notre mission de loger les personnes fragiles. Nous l’avons tous en tête. Il arrive d’ailleurs que ce soient les gardiens qui nous alertent sur des situations délicates. -Malheureusement, on peut arriver à des situations catastrophiques lorsque les gens refusent d’être aidés.
Comment le vivez-vous ?
C.S. Cela arrive parfois et c’est une véritable frustration pour un travailleur social parce que nous savons qu’il existe des solutions. Ma porte reste toujours ouverte et les locataires savent qu’ils peuvent me contacter jusqu’au dernier moment pour tenter d’éviter l’expulsion, je répondrai toujours présent.
Quelles qualités humaines demande votre mission ?
C.S. L’empathie est la première qualité. C’est le moteur de la confiance. Et sans la confiance des locataires, mes actions sont vouées à l’échec. S’ils ne me donnent pas toutes les clés de leur situation, je ne peux rien mettre en place de solide. Il faut donc instaurer cette confiance. S’ils ne me sentent pas en mesure de comprendre ce qu’ils vivent et si je me positionne comme un juge, ma démarche est inutile. Pour y parvenir, je ne regarde jamais les dossiers avant de rencontrer les locataires. Ainsi, je me présente sans préjugé, sans a priori. J’arrive avec un sourire, des moyens d’action et des propositions pour débloquer leur situation.
L’impartialité est aussi une qualité importante. Je ne dois prendre parti ni pour le bailleur, ni pour le locataire. Je mets ma casquette de travailleur social et, même si je représente le bailleur et que je travaille pour lui, je me dois d’adopter une position de totale neutralité.
En quoi participez-vous de la cohésion sociale ?
C.S. J’interviens de manière individuelle au service du lien social. Une personne en difficulté va d’elle-même s’exclure du groupe et rompre les liens. Je vais l’amener à engager des démarches et à se diriger également vers d’autres institutions. Je me vois comme un maillon de la chaîne. Je travaille aussi avec les chargés de précontentieux et de contentieux, les chargés de clientèle de Famille & Provence, le directeur du service de relation client et proximité, la directrice de mon service… C’est un travail d’équipe !